Ange-Paola Ouanhi est actuellement étudiante en chaudronnerie à l’Institut de formation technique de l’Ouest basé à Cholet.

Étudiante en chaudronnerie à Cholet, Ange-Paola « représente l’avenir de la Côte d’Ivoire »

Lauréate d’une bourse d’étude, l’étudiante ivoirienne Ange-Paola Ouanhi poursuit sa formation en chaudronnerie à l’Institut de formation technique de l’Ouest basé à Cholet (Maine-et-Loire). Elle est la seule femme de sa promotion. Rencontre.

Ange-Paola Ouanhi, 18 ans, a été lauréate d’une sélection menée par le groupe Bolloré. Elle bénéficie d’une bourse pour poursuivre ses études de chaudronnerie industrielle à l’Institut de formation technique de l’Ouest de Cholet.

Ange-Paola Ouanhi, 18 ans, a été lauréate d’une sélection menée par le groupe Bolloré. Elle bénéficie d’une bourse pour poursuivre ses études de chaudronnerie industrielle à l’Institut de formation technique de l’Ouest de Cholet.

   

C’était la première fois qu’elle prenait l’avion. Ange-Paola Ouanhi, Ivoirienne de 18 ans, est arrivée à Cholet (Maine-et-Loire) le 6 septembre 2021 en CAP première année de chaudronnerie industrielle à l’Institut de formation technique de l’Ouest (IFTO), situé à Eurespace. C’est la seule femme de sa promotion.

 

« Je n’avais jamais voyagé »

« J’avais un peu peur, je n’avais jamais voyagé et je me retrouvais seule, sans mes parents ni mes trois sœurs et mes deux frères » , confie l’étudiante en cotte de travail, chaussures de sécurité aux pieds et bouchons antibruit aux oreilles.

 

La jeune femme a quitté San-Pédro, une ville de plus de 150 000 habitants située à l’ouest de la capitale Abidjan, après avoir été retenue par une sélection qui a débuté en avril 2021, avec une bourse d’étude à la clé. La première du genre (lire ci-dessous).

 

Dans la classe d’Ange-Paola Ouanhi, l’an dernier, au Centre de formation professionnelle (CFP) de San-Pédro, 61 élèves apprenaient la chaudronnerie. « Je ne veux pas rabaisser mon pays, mais l’atelier dans lequel nous apprenions était mal équipé. Tout le monde ne pouvait pas pratiquer sur les machines. Il fallait travailler le week-end en entreprise pour le faire. » D’où l’intérêt de sa formation à Cholet.

 

Un exemple pour les autres

Elle est restée un an au CFP après avoir passé un concours pour y accéder et avoir travaillé dans une petite entreprise, son brevet des collèges en poche. « J’étais la première de ma classe. J’adore fabriquer de mes propres mains. C’est ce qui me plaît en chaudronnerie. On confectionne avec des techniques apprises chaque jour et certaines viennent naturellement » , souffle cette petite femme à la voix fluette.

 

« Elle a une petite voix. Ses camarades relayent ses propos, note le directeur de l’IFTO, Emmanuel Rouve. Elle s’est bien intégrée en moins d’un mois. Tout est nouveau pour elle. C’est courageux. Elle bosse, elle écoute. Elle peut mettre en perspective son expérience. Elle est un exemple pour les autres élèves. »

 

« Elle est une pionnière »

La semaine, l’étudiante loge à l’internat. Le week-end, elle est accueillie par la famille d’un de ses camarades. « Ça me fait du bien. Je découvre la culture française. Je suis déjà allée à la mer, je me suis baladée dans le Choletais et j’ai fait une sortie en centre-ville » , déclare celle qui téléphone à ses parents [N.D.L.R. : sa mère est commerçante et son père est planteur] tous les soirs. « Ils sont fiers et heureux que je vienne en France pour mes études. »

 

Ange-Paola restera deux ans à Cholet pour finir son CAP. D’après Emmanuel Rouve, il est possible qu’elle poursuive en bac pro. « Rien n’a été définitivement arrêté. On verra. En revanche, je ne sais pas si un autre élève nous rejoindra l’an prochain. En tout cas, Ange-Paola est une pionnière. »

 

Lauréate d’une bourse grâce à son dynamisme

Ange-Poala a été sélectionnée parmi les meilleurs élèves de chaudronnerie de la Côte d’Ivoire. « Notre partenaire, le groupe Bolloré, a fait appel à toutes ses filiales d’Afrique de l’Ouest. La société Carena, la compagnie abidjanaise de réparation navale, a lancé un appel auprès des écoles du pays, présente Emmanuel Rouve, directeur de l’IFTO. Les trois meilleurs candidats ont été retenus, puis ils ont passé un oral en visioconférence. C’était intimidant pour eux. »

 

Le but du programme développé « est de faire monter des jeunes en compétences pour en faire de futurs chefs d’équipe et de réorganiser les ateliers dans le pays. Elle représente l’avenir de l’industrie en Côte d’Ivoire » , reprend Emmanuel Rouve, qui vante « sa grande maturité et son dynamisme ». Pour ce faire, Bolloré a créé une bourse de formation qui s’élève, selon abidjan.net, à 40 000 €.

 

Pour le moment, Ange-Paola gère bien la pression qui pèse sur ses épaules : « Après ma formation et avec le temps, je pense en être capable. »