Berengere Dubrulle est élue femme scientifique de l’année en recevant le prix Irène Joliot-Curie

Décerné par le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avec le soutien de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies, ce prix vise à promouvoir la place des femmes dans la recherche et la technologie en France.

 

« Sur la place des femmes en sciences, on part de loin ! Ni Marie Curie, ni Irène Joliot-Curie, bien que toutes deux récipiendaires d’un prix Nobel, n’ont été admises à l’Académie des sciences. Il reste encore des progrès à faire, même si le CEA et le CNRS - Centre national de la recherche scientifique œuvrent à rendre la place des femmes beaucoup plus visibles en science. »

 

Bérengère Dubrulle est une physicienne qui explore la turbulence dans les fluides et ses applications en astrophysique et géophysique telles que la formation du système solaire ou les changements climatiques brutaux.

« Tous les systèmes naturels, géophysiques ou astrophysiques contiennent des fluides. Sur la Terre, l’atmosphère et l'océan sont fluides. Et dans tous ces fluides, il y a de la turbulence. C’est un état des fluides qui se manifeste par l’apparition de tourbillon, explique-t-elle. Ces tourbillons dans l’atmosphère peuvent être de grosses tornades, des ouragans, des anticyclones et des cyclones. Il y en a aussi dans l’océan. »

 

Directrice de recherche au Service de physique de l'état condensé (CEA/CNRS - Centre national de la recherche scientifique/Université Paris-Saclay) depuis 2001, elle participe à ouvrir un nouveau champ de recherche en étudiant la dissipation d'énergie au sein des mouvements turbulents dans un liquide visqueux. Son équipe a ainsi mis en évidence la présence, à petite échelle, de plusieurs types d'événements rares mais intenses de dissipation d’énergie par un processus indépendant de la viscosité.

La maîtrise de la dissipation d'énergie dans les écoulements fluides est un sujet de première importance dans un grand nombre de domaines, aussi variés que l'aéronautique, la navigation, l'astrophysique ou les études sur le climat… Comprendre les phénomènes de turbulence constitue donc un enjeu scientifique, technologique et économique important.

 

« Jusqu’il y a quelques temps, nous nous intéressions surtout aux grandes échelles, pour modéliser notamment le climat à l’échelle de la France ou encore d’une région. Nous avons fini par nous apercevoir que l’on passait à côté de phénomènes très importants qui se produisent à très petites échelles, sous formes d’événements très intenses de dissipation. (...) Mon objectif est de chercher des moyens de décrire des fluides d’une manière sobre et efficace, en évitant la consommation excessive d’énergie des ressources informatiques. Cela a été le fil conducteur de toute ma recherche. »